C’est un monde d’écorces bleues et de branchages vrillés. C’est un sous-bois traversé d’infimes craquements dont les échos ont la magie des tambours de pluie. Les sculptures de Katharina Leutert ont quelque chose à voir avec les grandes énigmes sylvestres. Ailes polychromes, ramures courbes… Tout ça, bien sûr, réveille en nous des souvenirs anciens, la sensualité des matières ployées. Bref, l’art de Katharina Leutert, fragment d’une esthétique très « boisée », précise pour chacun d’entre nous le poids et la mesure du monde. Guetteurs mélancoliques, certains penseront aux premières cosmogonies forestières ; d’autres verront là un recyclage écologiquement correct, un brin « arte povera ». Mais reste une question… Comment diable réussit-on à faire d’une simple bûche un totem ? Comment parvient-elle à transformer, dans un bruissement de plumes, le bois mort en poème ?
Gilles-François Picard
in La Gazette Drouot
novembre 2009